La « sortie » de la pandémie

Ceux qui vivent à New York et ses environs commencent à voir poindre la « sortie » de la pandémie. Le taux de contamination est aujourd’hui estimé à moins de 0,5%, la population vaccinée atteint les 70%, les masques ne sont plus obligatoires en extérieurs, et, de façon générale, la vie semble reprendre. En tant que psychanalyste, il serait mal venu de croire que les effets de la violence de la pandémie vont disparaître tout aussi brusquement. Certains aspects de cet évènement vont rester comme des indices qu’un monde meilleur ou en tout cas profondément différent est possible. La hiérarchie sociale a démontré sa déconnexion avec les besoins réels de la population, certaines pressions professionnelles ont dû montrer leur aspect illusoire, voire fanatique. Il est même notable que certaines personnes ont vécu la pandémie comme une seconde chance, une opportunité exceptionnelle que la société se transforme tellement qu’elle en devient plus accueillante. Mais pour de nombreuses autres personnes, la violence du choc reste encore impensable. Tellement impensable qu’il me semble important de rester attentif et respectueux des sentiments complexes qui vont émerger alors que la menace semble s’éloigner. Aussi étrange que cela puisse paraître, quelque chose d’un attachement à la pandémie va devoir se penser. Un attachement à un objet maltraitant, mais un attachement tout de même. Et puis, il y a toutes ces choses que certaines personnes ont gagnées pendant la pandémie, tous ces petits gains que nous n’avions pas remarqués, et auxquels la vie « normale » va nous forcer à renoncer. Il s’agit là de quelques idées lancées sur la une feuilles. Tout cela va éclore dans les mois et années qui viennent.
Enfin, et cela participe à rendre la situation encore plus compliquée, au jour d’aujourd’hui, les enfants de moins de 12 ans ne peuvent toujours pas être vaccinés, ce qui laissent une grande partie de la population encore à risque, et leur famille ne peut faire comme si tout était dernière nous. Pour finir, le variant Delta, encore plus contagieux, vient déborder les hôpitaux des Etats sous vaccinés.
Il reste encore beaucoup à penser.

Peut-on diagnostiquer un personnage public (sans l’avoir en thérapie) ?

De nombreux propos et agissement de l’actuel Président des États-Unis sont d’une telle violence que cela pousse certains cliniciens à vouloir porter publiquement un diagnostic sur cette personne. Aussi tentant que cela puisse être, il me semble important de ne pas utiliser la psychanalyse à cet effet.

En effet, si l’utilisation des diagnostics pose déjà certains problèmes avec les personnes avec qui nous travaillons, tant le diagnostic a tendance à enfermer les gens et à être compris comme un pronostic, il devient encore plus étrange de poser un avis sur une personne dont nous n’avons d’information qu’en tant que personnage public. Il serait narcissique, grandiose, immature. Tout cela est tout à fait possible. Chacun est libre de le penser. Mais poser un diagnostic publiquement en tant que clinicien c’est oublier que dans l’espace sécurisé d’une thérapie, patients et thérapeutes sont confrontés tous les jours à la subtilité de la psyché, que nous sommes remplies de conflits, de contradictions, de compensations, que nous sommes souvent en lutte contre nous-même, etc. Tout cela ne peut pas être entendu lorsque l’on entend uniquement une parole publique qui réagit à des contraintes internes qui nous sont inconnues.

Cela n’excuse rien des comportements de l’actuel Président des États-Unis, mais si les thérapeutes commencent à produire des analyses sauvages à propos de personnages publics, combien de temps faudra-t-il attendre pour que leurs patients commencent à avoir peur qu’on les juge, qu’on les condamne sans les connaître, comme le personnage public l’a été.

 

https://www.theguardian.com/science/head-quarters/2017/jul/28/the-goldwater-rule-why-commenting-on-mental-health-from-a-distance-is-unhelpful

Le Pape François parle de son expérience avec la psychanalyse

Vous l’avez peut-être vu ailleurs, mais c’est suffisamment rare pour être souligné : le Pape François a fait part dans un entretien de son expérience avec la psychanalyse, qu’il a été en thérapie et que cela l’a aidé. Quand on sait que ce Pape est originaire d’Argentine, pays où l’on pratique la psychanalyse probablement le plus au monde, on n’est pas surpris qu’il connaisse la psychanalyse, mais qu’il en parle en tant que représentant d’une religion me semble très intéressant. En effet, si la psychanalyse n’est assignée à aucune religion, bien pratiquée elle n’est aussi contre aucune.

Bonne lecture

http://nypost.com/2017/09/01/pope-francis-saw-a-jewish-psychoanalyst-to-clarify-some-things/